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Ambitions potagères

19 décembre 2009

Voici venu le temps de faire un bilan du concept de mon potager.

D’abord, j’ai quelques rotations qu’il faut que je revoie, qui ne se succèdent pas tout à fait correctement. Et certaines surfaces de cultures spécifiques qu’il faut que j’agrandisse. 

Ensuite, comme je l’ai dit précédement, mon potager ressemble de plus en plus à un potager en méthode biointensive.  Sauf que je ne respecte pas du tout les proportions céréales/légumineuses/légumes verts. Je cultive très peu de céréales ; du coup, je n’ai pas assez d’apports en carbonne. Il va donc falloir que j’en apporte depuis l’extérieur. J’apportais du mulch avec le fauchage de la pelouse, auparavant, mais j’en ai tout juste assez, et puis l’herbe, même haute, est riche en azote mais pas assez en carbonne. Surtout depuis que je la coupe à la tondeuse: elle est tondue alors qu’elle est encore très peu haute, et elle est toute broyée. Tandis que lorsque je le faisais à la faux, j’attendais qu’elle soit plus haute, du coup elle était plus riche en carbonne, et elle donnait des mulchs plus aérés.

Et puis, les résultats au niveau du sol sont bien meilleurs avec une bonne couche de paille qu’avec de l’herbe. J’ai fait l’essai, le sol est moins saturé d’eau, il respire mieux, et il y a moins de limaces. Le paillage d’herbe est un peu étouffant, surtout avec mon sol très argileux. Et surtout l’hiver.

Et puis j’ai découvert il y a peu, une méthode qui me plait beaucoup, la méthode d’Emilia Hazelip, qui est à mon sens un très bon compromis entre la bio-intensive et l’agriculture naturelle de Masanobu Fukuoka. Et je m’y essaierai bien. Cette méthode consiste justement à couvrir l’intégralité du sol (buttes et allées) avec de la paille, et à mélanger les cultures sur la même butte, afin de ne plus du tout toucher au sol. Et outre le fait de diminuer de manière importante le travail du sol, cette méthode intègre à merveille quelque chose que j’ai encore très peu intégré dans mon potager : les associations de culture. Le seul problème à mon sens de cette méthode, c’est qu’elle paraît nécessiter un peu plus de surface que la bio-intensive, pour une production équivalente. Et encore, c’est à voir, une fois les associations bien agencées. Je vais donc tâcher de tendre doucement vers cette méthode. Pas besoin de se précipiter non plus.

Aussi, ce bilan, et ces nouvelles découvertes, m’ont permis d’aboutir à une petite liste des 20 choses que j’aimerais bien faire, mettre en place, ou entamer, l’année qui vient, concernant mon potager. Les voici :

  1. Acheter de la paille, bio si possible. Pour couvrir le sol de mon potager. Pour chacune de mes planches de 10m², ça devrait me coûter moins de 3€/an, donc je pense que ça ne serait pas une dépense superflue et compulsive.
  2. Tester et comparer deux méthodes pour cultiver mes pommes de terre : la méthode de Claude Bourguignon, qui consiste à déposer simplement les plants au sol et à les recouvrir d’une bonne couche de paille, et la tour à pommes de terre, dans des pneus de récup.
  3. Cultiver plusieurs variétés de pommes de terre, pour continuer de me régaler quels que soient les plats, à la braîse, en râclette, en grâtin, en frites,… au moins quatre ou cinq variétés différentes.
  4. Doubler la taille de mon tracteur à poules, et la taille de mon « cheptel ». L’améliorer pour pouvoir le déplacer plus facilement, voire pour pouvoir le faire seul. Et en améliorer les pondoirs.
  5. Agrandir ma surface cultivée, pour intégrer le compostage dans la rotation, à même les planches de culture, sous une bonne couche de paille, pendant une bonne saison. Notamment pour le compostage de la litière provenant des toilettes sèches. Après l’avoir fait chauffer dans le composteur pendant un bon mois, bien sûr.
  6. Me fabriquer un éco-urinoir, séparé des toilettes sèches, pour recueillir les urines, et apprendre à utiliser cet engrais liquide, régulièrement disponible.
  7. Augmenter ma production de consoude, et comparer des utilisations différentes: épandage en mulch, broyage et incorporation (tour à pommes de terre, notamment), purin,… Et tester le paillage d’orties pour les liliacées.
  8. Augmenter la taille de mon potager pour y intégrer quelques céréales : maïs doux, amarantes, quinoa, orge. Et utiliser leurs pailles sur place, pour contribuer au mulch. De même que les pailles de fêves, de haricôts, les feuilles de plantes-racines, etc. : en laisser le maximum sur place, pour en mettre le minimum en compost.
  9. Utiliser des plantes comme tuteurs, pour ne pas avoir à en installer : maïs, quinoa, amarantes, topinambours, et peut-être même quelques tournesols. Ce qui constituera une association.
  10. Cultiver en faisant grimper sur les plantes-tuteurs, les manges-tout, et les pois gourmands, plutôt qu’en nains, afin de moins se casser le dos à les ramasser, la récolte étant échelonnée tous les deux ou trois jours pendant tout l’été.
  11. Cultiver les courges, les melons, les pastèques, les courgettes, et autres cucurbitacées, aux pieds de ces grimpantes/tuteurs, pour parfaire ce type d’association bien connue.
  12. Cultiver des haricôts secs. J’ai découvert il y a peu, que les haricôts secs, c’est comme les fêves, et les petits pois : si on les récolte frais, et qu’on les conserve au congélateur, ils deviennent tendres, faciles et rapides à cuisiner, et vraiment très bons. Du coup, je les cultiverai plutôt en nains, la récolte étant unie, pour utiliser les plantes-tuteurs plutôt pour les gourmands et manges-tout.
  13. Multiplier par quatre mes quantités de plants de topinambours, pour augmenter ma production, et les intégrer dans la rotation, les topinambours enrichissant la terre de manière intéressante.  Leur « couper la tête », avant la floraison, afin de les forcer à faire des branches, pour faciliter la tenue des pois gourmands (j’ai fait l’essai cette année, ça marche, et en plus les tubercules étaient plus gros).
  14. Essayer des légumes que je ne connais pas encore, ou que je n’ai pas l’habitude de cuisiner ou de cultiver, chou-râve, céleri, panais, rutabaga, butternut, etc., et même des coloquintes. Cultiver aussi des fleurs, tant qu’à faire qui se mangent, comme de la capucine (qui en plus est bénéfique en association avec la tomate), ou bien dont on peut manger les graines après la floraison, comme le lin (et qui en plus repousse les doryphores des pommes de terre). Et privilégier des variétés fécondes, pour pouvoir récupérer les graines pour les années à venir.
  15. Faire des essais de culture d’orge. Etant brasseur, j’aimerais bien, un jour, obtenir ma production autonome d’orge et de houblon, et en assurer la transformation, pour être indépendant sur toute les phases de l’élaboration de cette boisson. Et autant commencer les essais maintenant, à petite échelle, sur la taille d’une de mes planches. Il me faudra faire des essais différents: en association avec des petits pois nains, comme j’en ai semé cet automne ; ou avec la méthode Fukuoka-Bonfils. Je reviendrai plus en détail, bien sûr, sur ces méthodes pour la culture de l’orge.
  16. Réfléchir à d’autres associations, notamment poireaux/carottes, poireaux/radis-noirs, ou poireau/betteraves, pour l’hiver prochain.
  17. Transformer, petit à petit, toutes mes planches en buttes, et, tant qu’à en créer d’autres, tester d’autres formes de buttes que des buttes droites, alignées nord-sud (m’ouvrir à une forme d’esthétisme, quoi). Augmenter également légèrement les allées inter-buttes (au moins de la largeur de la brouette, quoi).
  18. Améliorer ma faux, et m’acheter une pierre à affuter, pour pouvoir me remettre à utiliser ce fâbuleux outil.
  19. Construire et installer quelques nichoirs à oiseaux, à l’abri des chats, lesquels sont bien utiles au jardin contre les mulots, mais nuisibles aux bénéfiques populations de volatils.
  20. Faire les plans de mon futur tracteur à pédales, ou cycloculteur, que je compte un jour mettre au point (au mieux une fois que j’aurai appris à souder), pour me faciliter le travail du sol, me le « mécaniser ».

voilà déjà une bonne liste; je vais avoir du boulot. Et pour commencer, j’ai mis au point ma nouvelle rotation, sur 7 ans (contre 8 auparavant), et sur 14 buttes (contre 10 auparavant). Soit 140 m² cultivés, c’est à dire un peu moins de 50 m² / personne (encore une fois, je compte mes deux enfants comme l’équivalent d’un adulte). Voici le tableau de cette rotation (en espérant que vous arriviez à le décoder) :